Les fosses et mares de nos terroirs

Jusqu’au milieu du XX e siècle, de nombreuses fermes de nos communes de Cheverny et de Cour-Cheverny étaient agrémentées d’un point d’eau, souvent naturel, parfois aménagé.
Les fosses et mares de nos terroirs
Ces mares ou fosses comme on dit en Sologne, qu’elles soient auprès des maisons ou dans les prés, avaient alors une vraie fonction dans la gestion courante des fermes de l’époque. Outre le fait de retenir les eaux d’écoulement naturel des sols et parfois aussi issues des gouttières des toits des bâtiments agricoles et d’habitations, elles servaient de réserves d’eau pour le bétail, pour la bassecour et pour arroser le jardin quand l’été se montrait trop sec. Aujourd’hui, leur présence et leurs réhabilitations concourent plus comme éléments de décors naturels et de loisirs.

Un outil de gestion à part entière
À cette époque, l’eau courante n’arrivait pas dans les étables et les écuries. La tâche de remonter les seaux d’eau du puits, pour désaltérer les bêtes l’hiver, était pénible. Il était donc habituel de laisser ces animaux aller boire à la mare, comme ils avaient l’habitude de le faire dans les pâturages l’été. Par ailleurs, où les oies et les canards auraient-ils pu s’ébattre sans ce point d’eau si apprécié de toute la basse-cour, et où Gérard Oury aurait-il envoyé le side-car Allemand poursuivant nos deux compères dans La grande vadrouille ? Lieu agréable aussi pour les humains, car, si le but recherché n’était pas d’agrémenter le paysage, il y participait quand même grandement. On pouvait aussi à l’occasion s’y divertir en taquinant la perche ou le gardon, voire même la carpe dans les plus grandes mares.

Les fosses et mares de nos terroirs

Un univers aquatique insoupçonné
Ces points d’eau, même très petits, sont par ailleurs de vrais réservoirs de biodiversité. En effet, on y trouve une foultitude d’êtres vivants : insectes, batraciens, reptiles, oiseaux et plantes spécifiques, souvent avec des fleurs très colorées comme les iris. Sur la surface, au milieu des nénuphars, on peut y voir la discrète poule d’eau et à proximité, la fugace flèche bleue du martin-pêcheur, mais aussi, l’agrion jouvencelle et l’indésirable moustique. En se donnant la peine de fouiller un peu sous la surface, on peut y trouver des larves de libellules et de bien d’autres insectes, mais aussi des dytiques, des larves de salamandres, des tritons et des grenouilles. Je crois d’ailleurs qu’il est très possible que certaines de ces demoiselles vertes aient quitté définitivement ces mares. Je les soupçonne d’avoir sauté dans les pages du journal éponyme et de se retrouver chaque trimestre sous la plume de Jean-Pierre Terrien à disserter sur la vie des humains, ce qu’elles font d’ailleurs très bien. Celles qui restent dans les mares nous enchantent par leur sérénade aux premiers soirs cléments du printemps.

Les fosses et mares de nos terroirs

Les fosses et mares de nos terroirs
Zones tampons et réserves d’eau pour l’été
L’année 2024 a été particulièrement arrosée, avec plus de 850 mm d’eau, nos mares se sont remplies à ras bord. Beaucoup n’avaient pas connu un tel niveau depuis plusieurs années, leur remplissage a pu limiter cet excès d’eau dont les champs sont déjà saturés. De ce fait, cela a permis de les repérer plus aisément et de les rendre plus photogéniques. Une liste non exhaustive des clichés de ces mares, tellement elles sont nombreuses et plus belles les unes que les autres, permet de visualiser quelques-unes de ces grandes flaques d’eau. Ces éléments de la nature font partie intégrante du patrimoine de nos communes de Cheverny et de Cour-Cheverny. Outre les services rendus cités plus avant, ils participent au maintien de la biodiversité et au décor des paysages de nos campagnes, conservons-les, protégeons
-les.

M. B.

La Grenouille n°67 - Avril 2025

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