Un outil de gestion à part entière
À cette époque, l’eau courante n’arrivait pas dans les étables et les
écuries. La tâche de remonter les seaux d’eau du puits, pour désaltérer les
bêtes l’hiver, était pénible. Il était donc habituel de laisser ces animaux aller
boire à la mare, comme ils avaient l’habitude de le faire dans les pâturages
l’été. Par ailleurs, où les oies et les canards auraient-ils pu s’ébattre sans
ce point d’eau si apprécié de toute la basse-cour, et où Gérard Oury aurait-il envoyé
le side-car Allemand poursuivant nos deux compères dans La grande vadrouille ? Lieu
agréable aussi pour les humains, car, si le but recherché n’était pas
d’agrémenter le paysage, il y participait quand même grandement. On pouvait
aussi à l’occasion s’y divertir en taquinant la perche ou le gardon, voire même
la carpe dans les plus grandes mares.
Un univers aquatique insoupçonné
Ces points d’eau, même très petits, sont par ailleurs de vrais
réservoirs de biodiversité. En effet, on y trouve une foultitude d’êtres
vivants : insectes, batraciens, reptiles, oiseaux et plantes spécifiques,
souvent avec des fleurs très colorées comme les iris. Sur la surface, au milieu
des nénuphars, on peut y voir la discrète poule d’eau et à proximité, la fugace
flèche bleue du martin-pêcheur, mais aussi, l’agrion jouvencelle et
l’indésirable moustique. En se donnant la peine de fouiller un peu sous la
surface, on peut y trouver des larves de libellules et de bien d’autres insectes,
mais aussi des dytiques, des larves de salamandres, des tritons et des
grenouilles. Je crois d’ailleurs qu’il est très possible que certaines de ces
demoiselles vertes aient quitté définitivement ces mares. Je les soupçonne d’avoir
sauté dans les pages du journal éponyme et de se retrouver chaque trimestre sous
la plume de Jean-Pierre Terrien à disserter sur la vie des humains, ce qu’elles
font d’ailleurs très bien. Celles qui restent dans les mares nous enchantent
par leur sérénade aux premiers soirs cléments du printemps.
Zones tampons et réserves d’eau pour l’été
L’année 2024 a été particulièrement arrosée, avec plus de 850 mm d’eau, nos mares se sont remplies à ras bord. Beaucoup n’avaient pas connu un tel niveau depuis plusieurs années, leur remplissage a pu limiter cet excès d’eau dont les champs sont déjà saturés. De ce fait, cela a permis de les repérer plus aisément et de les rendre plus photogéniques. Une liste non exhaustive des clichés de ces mares, tellement elles sont nombreuses et plus belles les unes que les autres, permet de visualiser quelques-unes de ces grandes flaques d’eau. Ces éléments de la nature font partie intégrante du patrimoine de nos communes de Cheverny et de Cour-Cheverny. Outre les services rendus cités plus avant, ils participent au maintien de la biodiversité et au décor des paysages de nos campagnes, conservons-les, protégeons
-les.
M. B.
La Grenouille n°67 - Avril 2025
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