Prenez la route de
Bracieux à partir de Cour- Cheverny....
Chemin des Béliers, en limite de Cour-Cheverny |
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Certes la Solognote se
distingue par des qualités objectives, notamment au niveau de la qualité
gustative de sa chair, présentée comme particulièrement goûteuse, qui peuvent
motiver des éleveurs. Mais on sent bien que ces professionnels éclairés ont
aussi été guidés par des motivations autres, comme préserver une petite partie
de l’histoire locale, de la mémoire des anciens, en définitive une petite
partie d’un patrimoine commun. Dans notre monde d’uniformisation, cette
sauvegarde de races locales au sein de nombreuses espèces s’appuie sur des
motivations scientifiques, culturelles, mais aussi écologiques.
Quelques mots sur la
notion de race
Il s’agit, au sein d’une même
espèce et donc ici le mouton, de lignées progressivement sélectionnées par le
milieu et les éleveurs. La notion géographique est la plus ancienne et fait le lien
entre les caractères des animaux et leur région d’élevage. Les modes d’élevage
et de sélection qui y sont pratiqués résultent d’une longue expérience
inaugurée dès la période néolithique, puis transmise et amplifiée au cours des
âges. Dès l’Antiquité, les moutons d’Ionie, en Grèce, sont réputés pour la
beauté de leur toison. A en croire Homère, les chevaux de Thrace ou de Phrygie
sont appréciés pour leur endurance. De tout temps, l’Homme a présidé à
l’évolution de ses animaux, leur faisant subir de multiples et profondes
transformations. La stabilité des formes et des aptitudes de certains d’entre
eux s’est maintenue sur de longues périodes dans beaucoup de régions, souvent
pour des raisons d’isolement économique ou géographique.
Notre Solognote appartient
à une race locale, mais, de plus, à une race rustique.
On l’a vu, la Solognote sait
se contenter de végétations peu appétentes, souvent clairsemées et la sélection
lui a conservé les longues jambes qui font d’elle une bonne marcheuse. Elle
s’est même forgé la réputation parmi les moutons d’avoir une attirance
particulière pour les ligneux qui ont toujours tendance à envahir les prairies…
Voilà donc motivé, s’il en
était besoin, l’intérêt écologique de la sauvegarde des races domestiques
rustiques. L’intérêt scientifique va de pair, avec le maintien de génomes
intégrant et transmettant des aptitudes ou des formes qui composent une réelle
biodiversité du vivant domestique. À l’échelle du monde, ce «patrimoine de
l’humanité» est énorme. Il s’amenuise malheureusement depuis des décennies et
sans l’intervention d’éleveurs locaux avisés, notre Solognote aurait
aujourd’hui rejoint la Millery, la Lauragaise ou encore la Poitevine au
Panthéon de la trentaine de races ovines françaises disparues.
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Passé le centre bourg, dans
les prés attenants au château de Villesavin aux ponts d’Arian, voici une autre
race domestique rustique, bovine cette fois. Des Highland cattle, originaires d’Ecosse.
La race est intimement liée aux taureaux blancs qui vivaient à l’état sauvage dans
les forêts primitives et les hautes terres de ce pays. Elle en a gardé maints
caractères, dont bien sûr ces longues cornes horizontales. C’est une race de
petite taille, 450 kilos pour des animaux adultes. Rien à voir donc avec les
carcasses des meilleures races bouchères modernes, comme la Charolaise, qui en
pèsent plus du double. Mais la qualité remarquable de sa viande persillée en
fait un produit de luxe capable de combler une partie de la différence. Et là
encore une totale rusticité est au rendez-vous, permettant et facilitant
l’élevage sur des terrains ingrats, notamment humides. La race est elle aussi
utilisée pour l’entretien de marais et autres zones humides à forte valeur
patrimoniale, comme certains marais de la haute Cisse, au nord de Blois. Et
elle aussi participe à la préservation et à la transmission d’un patrimoine génétique
remarquable forgé par des millénaires d’élevage.
Pour les Chevernois et les
Courchois, les races domestiques rustiques peuvent aussi être le thème d’une
petite sortie hivernale…
Le Castor - La
Grenouille n°26 – Janvier 2015
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