La nature au bord du Conon

Si le Conon parlait, il nous dirait sans doute : « Pour vivre heureux, vivons cachés… ».

Nivéoles, nénuphars et renouée…
La nature au bord du Conon
Au printemps, on peut voir des touffes de perce-neige géants qui ne sont autres que des nivéoles avec leurs tiges florales d’au moins 25 cm et une petite tache verte sur le bord de chaque pétale. On les trouve dans des zones humides et sauvages. Elles sont souvent protégées car de plus en plus rares.
Le nénuphar jaune (fleur de 5 cm de diamètre) envahit certains coins de notre rivière ; il est favorable à l’élevage des alevins et à de nombreux petits animaux aquatiques. Aucun prédateur ne le consommant, les touffes sont de plus en plus grandes. La fleur a un parfum alcoolisé qui attire les mouches et donc les libellules qui les consomment.
On ne peut se promener sans voir la renouée du Japon qui se penche sur notre cours d’eau. Ce ne sont pas ses graines mais ses rhizomes qui nous envahissent. Ses grandes tiges cannelées nous font penser à des petites forêts de bambous.

La nature au bord du Conon
Le Conon, idéal pour se cacher
On pourrait l’appeler le Conon sauvage, entre les orties d’1,50 m à 2 m, favorables aux chenilles qui deviennent des papillons, dont « la petite tortue », « le paon du jour »... Les ronces inextricables forment des fourrés de plus de 2 m de hauteur, utiles pour les jeunes arbres qui ainsi ne se font pas manger par les cervidés et les nichées de petits oiseaux comme les troglodytes, les merles, les fauvettes et beaucoup d’autres.

Des arbres de tous âges
La nature au bord du Conon
Les saules marsaults se penchent au-dessus de l’eau. Ils ont une croissance rapide (6 à 8 m) et une courte longévité, d’environ 50 ans. On les reconnaît au printemps : les chatons mâles sont garnis d’étamines jaunes, l’inflorescence est odorante et nectarifère. C’est un petit arbre qui rejette facilement de la souche. Comme tous les saules, son écorce contient de la salicyline, voisine de l’aspirine.
La nature au bord du Conon
L’aulne glutineux a plus de hauteur que le marsault, et peut atteindre 10 à 15 m. Son bois est imputrescible et léger. On le qualifie de glutineux car ses jeunes feuilles sont gluantes. Cet arbre a la particularité de fixer l’azote de l’air en le restituant dans le sol par ses nodosités ; il enrichit ainsi les sols pauvres. Il est aussi indispensable aux « petits mars changeants », papillons d’une teinte bleu-violet. C’est sa chenille qui se nourrit de ses feuilles. Le Conon est bordé de grands frênes qui, comme l’aulne, n’ont pas peur de mélanger leurs racines pour maintenir les rives de la rivière. Du haut de leurs 35 m, ils dominent le cours d’eau avec les chênes et les peupliers.
La nature au bord du Conon
Le frêne peut vivre jusqu’à 250 ans ; on le reconnaît à ses bourgeons noirs et à ses grappes de samares (1) simples. Son bois est dur et souple, les meilleurs manches d’outils nous le prouvent… Ses feuilles ont beaucoup de vertus médicinales, entre autres pour soigner les douleurs articulaires.
Grâce à toutes ces racines nos rongeurs se créent des galeries bien étayées, les oiseaux cachent leurs nids dans les brindilles, les insectes se font becqueter et grignoter par les rongeurs, permettant à la nature de vivre.

L. R.

(1) On appelle samare toute graine ou fruit avec une surface portante en forme d’aile et qui permet ainsi le transport à distance par le vent (Source : Zoom Nature).

La Grenouille n°60 - Juillet 2023

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de nous donner votre avis sur cet article, de nous transmettre un complément d'information ou de nous suggérer une correction à y apporter