L'aventure au bout du Conon(1)

Riverain du Conon à Cour-Cheverny, Olivier Delabrouille nous emmène à la découverte d’une facette méconnue de notre paysage…
Nous rêvons tous d’aventures et d’épopées mémorables, de dépaysement et de nature sauvage… Pour cela on imagine facilement devoir partir dans de lointaines contrées. En voilà une idée tout faite ! Je vous invite à une évasion, en images et quelques mots, qui ne s’éloignera jamais bien loin de notre clocher, disons environ deux kilomètres maximum ! Une véritable expédition !

Embarquement immédiat…
En cette fin d’après-midi de printemps, la lumière est belle et la température clémente ; le kayak est posé au bord de l’eau, me voici paré avec mon gilet de sauvetage, ma pagaie et une scie. Le Conon, je le connais de ce que j’en aperçois du jardin et des routes qui l’enjambent, mais que nous réserve-t-il d’autre ?

L’aventure commence
Quelques coups de pagaie et le décor est bien différent des rives entretenues… : je passe à une végétation plus dense, plus chaotique, il faut slalomer entre les arbres tombés en travers du cours d’eau, les branches qui ploient jusqu’à la surface, les ronces qui se prennent pour des lianes… Je pensais pagayer deux minutes entre le pont de la voie de Chantreuil et celui de la route de Romorantin, mais il en aura fallu plutôt quinze… ; le parcours ne comporte pas de rapides tumultueux mais il est jonché d’obstacles, la scie sert souvent pour libérer un passage, c’est l’aventure !

Un spectacle vivant
La faune est bien présente : en plus des canards et des poules d’eau, on découvre une grande variété de libellules, un martin pêcheur survole l’eau à grande vitesse, à peine le temps de le voir, une carpe qui se réchauffait sous un rayon de soleil est surprise par l’approche silencieuse du kayak qui glisse tranquillement, plusieurs pics verts sont aperçus… Passé le pont de la route de Romorantin, les chevaux de Christian, intrigués par ma présence, sont curieux… Puis un virage à droite révèle une enfilade de petits abris ou pontons d’agréments faits de bric et de broc, jouxtant la rive avec charme ; la ligne droite m’emmènera au pied du pont de Beignon. Sous le pont, des grilles protègent l’accès au parc du château… À cet endroit même, une fois précédente, j’avais croisé un chevreuil qui était dans l’eau et avait fini par remonter sur la rive et partir dans les jardins…

Changement de direction

Demi-tour ! Allons voir si l’amont est aussi intéressant… La remontée prendra du temps, papotage avec des riverains, décollage de montgolfières vu de l’eau…. Je repasse mon point de départ et remonte, mais pour combien de temps ? Car la profondeur semble peu prometteuse, la pagaie touche facilement le fond, le niveau garanti par le barrage du château en aval semble atteindre sa limite, mais j’arrive à une retenue d’eau qui permet de remonter le niveau d’au moins 40 cm ; il faut descendre du kayak, lui faire passer ce barrage de branchages, une construction que l’on doit à nos castors, nombreux sur cette partie du cours d’eau, ou à l’humain… Les deux peut-être, mais toujours est-il que je vais pouvoir remonter plus loin, l’endroit est encore plus tranquille ; je longe quelques terrains d’agréments, passe sous trois passerelles différentes et vais devoir jouer de la scie quelques fois ; chaque mètre parcouru offre une nouvelle vue, et tranquillement je remonte… Le dernier coup de vent de début d’année a couché de nombreux arbres et me voilà bloqué par un enchevêtrement qui obstrue le cours d’eau sur une bonne quinzaine de mètres. ; ma scie n’est pas de taille, ou plutôt je ne me sens pas l’âme d’un bûcheron aquatique et cette fois j’ai l’impression d’avoir été bien loin déjà dans mon exploration…
Je regarde la bâtisse que je vois plus loin derrière les arbres, je suis au niveau de la Pigeonnière(2)…, à environ deux kilomètres de notre clocher ! Pourtant, tout ce que j’ai pu observer et la progression parfois difficile m’ont donné l’impression d’un parcours beaucoup plus long et qui s’avère bien dépaysant…

Partager son plaisir
Il est temps de faire demi-tour et de rentrer coucher quelques lignes avec le clavier pour partager un petit bout de cette aventure au bout du Conon, qui m’aura donné l’occasion de déranger quelques grenouilles posées sur leurs nénuphars et d’apporter également une contribution à « notre Grenouille »…

Olivier Delabrouille

(1) Plusieurs articles évoquant le Conon ont été publiés par « La Grenouille ». Voir notamment « Les grandes heures de Cheverny et Cour-Cheverny en Loir-et-Cher… et nos petites histoires » - Éditions Oxygène Cheverny 2018 - page 232 : « Le Conon ».
(2) Le lieudit la Pigeonnière est situé sur le cours du Conon, à hauteur du château des Murblins.

La Grenouille n°60 - Juillet 2023

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