Les espèces végétales invasives de notre région

Invasive rime avec exotique, qui veut dire étranger. À partir de quand une plante est-elle invasive ? À partir du moment où elle devient désagréable pour l’homme ou trop imposante pour une partie de la flore.

Renouée du Japon
Renouée du Japon

Depuis toujours, la nature connaît des chan­gements. L’homme y contribue en implantant volontairement de nouvelles variétés qui sont parfois de grosses erreurs mais... trop tard : la nature a pris le pouvoir ! Il ne faut pas oublier que le vent, les oiseaux, certains mammifères disséminent les graines sur des dizaines de kilomètres. Le problème d’une plante invasive, c’est la diversification des végétaux qu’elle peut anéantir autour d’elle.


Parmi la soixantaine de plantes exotiques inva­sives dans la région Centre, on peut citer :

• l’ambroisie à feuilles d’armoise, très aller­gène avec son pollen du mois d’août ;

• le robinier appelé acacia que l’on croit presque indigène alors qu’il a été introduit en France vers 1650 ;

• le raisin d’Amérique, depuis la 2e guerre mondiale, utilisé autrefois dans le Bordelais pour teinter le vin ;

• l’ailante glanduleux, un arbre très vigoureux que l’on voit maintenant partout. Au niveau de ses racines, il dégage une substance toxique qui inhibe la croissance des plantes environ­nantes. Il fait des racines traçantes à plus de 25 m autour de lui sur lesquelles des drageons ressortent ; il se reproduit aussi par semis ;

• la grande berce du Caucase (Asie du Sud- Ouest), à ne pas confondre avec la berce spon­dyle qui est comestible, disséminée par le vent et par les rongeurs (plus de 20 000 graines par pied) ; elle est très expansive, les herbivores ne la consomment pas, elle a des poils vésiculeux qui provoquent des brûlures sur la peau qui per­sistent plusieurs jours ; elle envahit les fossés, les prairies (elles ne supportent pas les coupes trop répétées sur plusieurs années) ;

• la renouée du Japon, introduite en 1823 (plante que l’on peut voir sur le bord de nos routes en prenant la direction de la route de Romorantin à la sortie de village ou sur le pont de la rue Félix Faure à Cour-Cheverny ; le bord du Conon en est de plus en plus envahi. Cette plante a des feuilles plutôt rondes avec des tiges cannelées comme le bambou. Dans son pays elle est limitée par un insecte qui ne doit pas être introduit chez nous, faute de savoir s’il n’est pas néfaste à d’autres espèces !... La tonte très régulière de ce végétal entraîne sa destruction (plutôt 10 coupes que 3 par an).

• la jussie, qui ne cesse de proliférer comme certaines algues vertes : plus elles auront de phosphate et nitrate et plus elles prolifèreront.


Une plante invasive est apte à tirer parti d’oppor­tunités de ressources que les espèces locales n’utilisent pas. Une espèce indigène est une espèce locale. Avec le temps, certaines espèces exotiques deviennent si indispensables qu’on les croit indigènes. Depuis 70 000 ans que les hommes se déplacent, certaines plantes les ont suivis (fruits, graines, boutures). La nature déve­loppe une forme de résistance pour s’ajuster à des milieux riches en pesticides (certains désherbants deviennent parfois inefficaces face a ux plantes plus résistantes). Dans la durée, certaines plantes envahissantes se régulent et même disparaissent. On pourrait appeler cela « l’interaction du vivant », «le tirer parti ». La vraie nature n’est-elle pas celle où l’homme n’intervient pas ?


Il n’y a pas de « ségrégation » chez les plantes. Elles améliorent leur environnement et finissent toujours par gérer leur prolifération, ce que l’homme ne sait pas faire avec sa démographie. Quand la plante indigène disparaît, la plante exo­tique est parfois la bienvenue.

L. R.

La Grenouille n°48 - Septembre 2020

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