Au fond d’un jardin champêtre, avenue de Verdun à
Cour-Cheverny, au pied d’un hangar sans gouttière, pousse un saule. À sa base,
des touffes de fleurs sans feuille. Nous sommes début mars, le saule commence seulement
à bourgeonner. Mais quels sont ces drôles de bouquets de fleurs en forme de
trompettes violettes d’une vingtaine de centimètres de haut ?
La lathrée clandestine
Ses feuilles sont sous terre, blanches, donc sans chlorophylle.
Mais comment peut-elle faire des fleurs ? D’où vient son énergie ? Elle possède
des radicelles qui s’enroulent, s’infiltrent et pompent les racines de l’arbre
grâce à leur suçoir, comme fait le gui sur les branches de peupliers ou de
pommiers. La lathrée vit en symbiose avec, très souvent, les saules et les
peupliers qui aiment les sols humides et ombragés. Le mot « lathrée » vient du
grec ancien qui signifie « caché ». En avril, les bourdons sont très friands de
son nectar riche en sucre (35 % de sa composition). Son parfum ammoniaqué est
plutôt désagréable. Il repousse les fourmis dévoreuses de sucre et non
participatives au transport du pollen. La lathrée disparaît 15 jours après sa
fleur et ressort de terre dès que la sève des arbres se remet à circuler à la
sortie de l’hiver.

Nous n’avions jamais encore vu cette étrange fleur à
Cour-Cheverny.
Laurent Ravineau - La Grenouille n°44 - Juillet 2019
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